Petite précision sur la propagande, les gens qui la subissent n’ayant souvent pas l’air de comprendre à quoi je fais référence : quand je parle de propagandistes, je ne parle pas de médias à tendance politique modérée qui appartiennent à des organismes assez riches pour avoir les moyens de les financer, ni de particuliers sur des réseaux sociaux qui partagent des posts qu’ils apprécient ou émettent simplement une opinion… Je parle de la propagande extrémiste de gauche et de droite, qui prend son origine dans les régimes autoritaires et les dictatures.
Sur un réseau social, les propagandistes ciblent les influenceurs. On pourrait penser qu’un auteur de BD n’en est pas un s’il n’essaie pas activement de multiplier ses amis, et qu’il ne poste aucun article ni vidéo le concernant, mais ce n’est pas tout à fait le cas. Au même titre qu’un acteur de cinéma, le public place l’auteur de BD sur un piédestal. On veut être son ami, commenter ses posts, et généralement partager ses opinions (surtout si on est sincèrement fan de ses BD), ce qui fait de lui un influenceur passif, donc une cible pour les propagandistes. Si on arrive à orienter ses opinions, voire au pire à dramatiser ses prises de position (ou à l’inverse, à lui faire fermer sa gueule), on va toucher un public relativement large.
J’ai commencé une série d’articles sur la propagande parce que c’est un sujet à prendre très au sérieux, quel que soit votre milieu social. Vous pouvez tous devenir influenceur, actif ou non. Vous avez d’ailleurs sous les yeux l’exemple même de ce que n’est pas un influenceur : si comme moi, vous restez sous le radar, vous pouvez écrire les pires conneries imaginables quelle que soit la période, et personne ne le remarquera. En revanche, dès que vous commencez à acquérir une petite notoriété, si vous sortez juste un peu du moule et que vous avez le malheur de vous retrouver dans une période clé (une période d’élections présidentielles par exemple), le moindre de vos petits écarts sera analysé et critiqué, en premier lieu par des amis inconnus sur votre réseau social, puis par votre public. Ce n’est pas un hasard. On n’en a pas après vos opinions, parce qu’en définitive, on s’en fout complètement. Ce qu’on vise à travers vous, c’est votre public.
Et ce qu’on va essayer de vous faire comprendre, si vous êtes à la fois auteur de BD et engagé, c’est qu’un auteur de BD ne doit pas faire de politique. Comme je l’ai expliqué dans un article précédent, cette phrase signifie seulement qu’un auteur de BD ne doit pas faire de politique de gauche (ou libérale pour les américains). Si vous partagez des articles de RT qui seront ensuite repartagés par vos fans, souvent des adolescents, donc de futurs électeurs, ça, on s’en fout, et vous pourrez le constater en le faisant. Les gens qui apprécient ce média gouvernemental russe qui alimente les opinions d’extrême droite et d’extrême gauche de tout pays et favorise l’intégrisme vont apprécier, et les autres ne vont rien dire pour ne pas avoir de problèmes.
Vous voulez un exemple de tout ce bordel ? Ben j’en ai plusieurs, mais comme je suis surtout fan de comics, je ne peux vous donner qu’un exemple concernant les comics. Dans notre prochain épisode, on va s’intéresser à la storyline de Captain America en pleine période de présidentielles américaines.