Comics et propagande

De nos jours, les comics continuent de refléter leur époque envers et contre tout. Et pendant les élections américaines de 2016, c’est son statut de BD populaire que les propagandistes nous ont envoyé dans la figure.

A cette époque, on avait toute une storyline de Nick Spencer sur le personnage de Captain America, dont on révélait qu’il avait été un nazi depuis son enfance, et dont le plan pour la conquête de l’Amérique par Hydra était dévoilé progressivement d’épisode en épisode. Dans le monde des comics, on a l’habitude de ce genre d’histoires. L’univers du héros devient chaotique pendant quelques épisodes, et tout redevient comme avant quelques mois, voire quelques années plus tard. Tout était prêt pour faire la promotion de ce nouvel événement, quand les sites de propagande libéraux et conservateurs l’ont récupéré.

Généralement, les lecteurs de comics ne sont jamais contents pour deux raisons principales : quand l’histoire d’une série ne va nulle part et devient barbante et répétitive, et quand l’histoire d’une série va quelque part et change brutalement leurs habitudes. Oui, c’est tout et son contraire. On est comme ça, on n’y peut rien, et ce n’est pas notre seul défaut. Quand on lit des comics depuis longtemps, on prend l’habitude de voir les séries phares d’un éditeur devenir complètement chamboulées quand les ventes stagnent (plus rien ne sera comme avant) pour ensuite revenir à leurs principes de base quand les ventes reviennent à un niveau acceptable (tout redevient comme avant…). Là, on était dans le pic du Plus rien ne sera comme avant. La base existante était donc plutôt solide pour de bonnes propagandes politiques de nouveaux sites libéraux et conservateurs (qui bizarrement utilisent exactement les mêmes méthodes d’écriture. Un peu comme si leurs articles étaient écrits par les mêmes personnes…)

Un éditeur de comics publie l’histoire du symbole de l’Amérique qui devient un nazi et prend le pouvoir ? Pendant les élections présidentielles américaines de 2016 ?! Pas bon, ça. Qu’on soit libéral ou conservateur, on aimerait bien que les auteurs de comics se mêlent de leurs affaires et écrivent des histoires un peu plus conventionnelles, moins engagées, pour bien rester dans le rang.

On s’est donc tous fait matraquer par la propagande, des créateurs aux lecteurs. L’Editor de Captain America a même reçu des menaces de mort (comme le scénariste de Spider-Man quelques années plus tôt. Ils commencent à avoir l’habitude…), je me souviens avoir vu une vidéo d’un gars qui brûlait le dernier numéro de Captain America, les sites de nazis s’en sont donné à coeur joie, et tout le monde a fini par avoir une opinion, même (et surtout) ceux qui ne comprenaient rien aux comics. Et ça a continué avec les activistes pour d’autres séries, notamment la série télé Iron Fist, dont je parlerai dans un prochain article.

Paradoxalement, cette propagande donnait l’impression que tout le monde s’intéressait aux comics, un média subitement devenu très important pour le peuple, et susceptible d’orienter les opinions lorsqu’un scénariste est politisé (politisé à tendance démocrate ou libérale, bien entendu. Parce que si le scénariste présente une tendance républicaine ou conservatrice, plus personne n’est choqué). Et c’est vrai qu’en cette période où ces futurs électeurs que sont les adolescents se partageaient allègrement des articles de RT sur les réseaux sociaux, fallait surtout pas orienter les opinions avec des bandes dessinées…

Et bien entendu, ces scandales artificiels se sont arrêtés après les résultats des élections de 2016, tandis que les scénaristes poursuivaient leurs histoires en continuant de suivre la tendance, sans tenir compte des posts des propagandistes qui de toutes façons n’avaient plus trop d’opinions sur les comics.

Pour preuve, entre 2017 et 2019, DC a publié la mini-série Doomsday Clock, dont le scénariste cherchait littéralement la controverse en égratignant particulièrement la Russie. Mais là, on n’était plus en période d’élections, alors plus personne n’en avait rien à foutre…

Et ça me fait penser qu’il faut que je gagne un peu d’argent pour financer mes livres, dont les versions imprimées sont dispos en impression à la demande exclusivement chez le pire ennemi des gentils libraires de proximité, parce que je n’ai pas les moyens de les rendre disponibles en librairie. Mes livres ont tous leurs fiches sur Amazon, et j’en commande régulièrement de petits stocks à prix Auteur pour les vendre en festival. Comme vous le savez déjà, j’ai décidé de monétiser ce blog en devenant Partenaire Amazon, et je gagne une prime pour chaque achat provenant de ce blog.

Pour la circonstance, j’ai ajouté à ma galerie Marvel, le prochain Omnibus de Captain America, par l’un de mes auteurs préférés, Ed Brubaker, qui lui aussi a eu quelques problèmes en 2010 avec la publication de Captain America 602, qui représentait les manifestants du Tea Party un peu trop explicitement.

Pour rappel, les versions Marvel Omnibus représentent le haut du panier pour les collectionneurs Marvel, le format est un peu plus grand que l’original, la qualité est toujours au rendez-vous, et elles font un excellent cadeau de Noël.

Je vous laisse donc avec cette nouvelle galerie pour les amateurs de comics anglophones. Comme d’habitude, cliquez sur chaque image pour accéder à la fiche Amazon du livre correspondant.

A propos Eric Peyron

Eric Peyron n'est un Expert en Rien. Après trois années de Fac dont deux redoublements, Peyron a commencé les petits boulots en intérim pour gagner un peu de blé. Heureusement, inconditionnel de comics en version originale (à cause de la censure et des traductions lamentables de la plupart des versions françaises de l'époque), Peyron est rapidement devenu traducteur d'anglais autodidacte pour des magazines informatiques des années 1990-2000, puis pour de nombreuses sociétés de traduction. Suite au refus par ces mêmes sociétés d'accepter une augmentation de ses tarifs en vingt ans, Peyron a fini par revenir à ses premiers boulots au SMIC, qui paradoxalement, vingt ans plus tard, rapportent plus que des traductions techniques… Actuellement, l'Expert en Tout fait donc de la mise en rayon, des inventaires et démonstrations en grande surface, monte et démonte des stands d'animation, donne des flyers aux passants dans la rue, distribue des prospectus dans vos boîtes aux lettres, et remplace des affiches dans les toilettes des bars et restaurants. De jour comme de nuit. Accessoirement, il est aussi auteur de BD en auto-édition, mais ça, vous le savez probablement déjà. Bref, Peyron est un type qui ne comprend absolument rien à rien, comme la plupart des imbéciles qui se baladent régulièrement sur les réseaux sociaux, mais ça va pas l'empêcher de donner son avis !

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