Alors après la publication sur mon blog de l’article que j’aurais pu envoyer à Numerama si ma demande par email ne s’était pas perdue, je me suis quand même dit que toute cette polémique à propos des AI était un peu compliquée. C’est normal parce que tout le monde tire la couverture à lui, des artistes aux responsables des sociétés d’AI, en passant par les réseaux d’hébergement d’images. En contexte, quand j’utilise le terme Tirer la couverture à lui, j’entends par là Tout le monde veut du pognon, mais personne ne veut en donner ce qui n’est finalement pas une situation si inhabituelle.
Dans de tels cas, le plus simple si on veut comprendre la logique d’un raisonnement, c’est remplacer certains termes par d’autres termes similaires et voir si ça fonctionne.
Pour prendre un exemple, un jour, l’un des plus fervents détracteurs des AI parmi mes amis Facebook a publié sur Facebook un meme qui se traduit par On n’a pas besoin que les IA fassent de l’Art. On a besoin qu’elles écrivent nos e-mails, fassent le ménage, et nous livrent les commissions pour que les humains puissent créer de l’Art plus fréquemment. C’est sûrement voulu, parce qu’à mon avis, c’est du second degré, mais si on remplace IA par Femme on s’aperçoit tout de suite qu’il y a un petit problème de raisonnement. Mieux encore, si on remplace IA par Employé de maison, on obtiens carrément un plaidoyer en faveur du Je veux pas payer.
Dans cette optique, et inspiré par l’article que j’ai publié hier, je me suis dit que je pourrais jouer au même jeu avec la polémique des AI. Alors si on veut symboliser, la polémique, on pourrait la décrire comme ça :
Un jour, une cuisinière invente un truc super sympa : le gâteau. Pour faire un gâteau, on utilise plein d’ingrédients qu’on mélange de façon complexe. Le résultat, c’est un produit dans lequel on ne peut pas distinguer les ingrédients, mais quand on le mange, on arrive à reconnaître qu’ils ont été utilisés, même si visuellement on ne distingue pas leur présence.
Un journaliste demande à la cuisinière d’où proviennent les ingrédients, notamment les œufs, et la cuisinière répond Hé bien, je ne me rappelle pas exactement d’où proviennent tous les œufs que j’ai dans le frigo, mais il me paraît évident que la majorité d’entre eux proviennent de Carrefour.
Et là, les éleveurs de poules qui fournissent les œufs à Carrefour deviennent fous-furieux. C’est du vol ! Même si on ne distingue pas les œufs dans le gâteau, il est évident qu’on les a utilisés ! Personne n’a le droit d’utiliser nos œufs sans nous payer !
Mais apparemment, légalement, rien ne se passe, alors les éleveurs de poules décident d’évangéliser un peu, pour enlever à la cuisinière les clients qu’elle n’a pas mérité (puisqu’elle utilise les œufs sans payer les producteurs). Et dans ce cas, pour évangéliser, il n’y a pas trente-six solutions : il faut faire honte aux clients pour ne pas qu’ils achètent de gâteaux (parce qu’elle les vend en plus, ses gâteaux, la cuisinière) en leur faisant comprendre que s’ils veulent un gâteau, il faut payer les œufs.
Parce que c’est normal après tout ! C’est déjà pas facile de produire des œufs, alors si en plus il y a quelqu’un qui les utilise sans autorisation pour faire des gâteaux, on va plus s’en sortir avec le manque à gagner !
Expliqué comme ça, vous comprenez mieux la polémique ?
Bon, peut-être pas, mais est-ce que vous arrivez à percevoir que quelque part, dans le raisonnement, il y a comme un problème ?
Allez, je vous laisse avec une galerie de bouquins 100% artisanaux, même si on utilise quand même pas mal d’informatique pour les couleurs, le lettrage, les maquettes, et heu…
Allez, je vous laisse avec une galerie de bouquins artisanaux à 50%.