J’ai vu passer aujourd’hui un post sur mon mur Facebook, de quelqu’un qui se demandait légitimement si, maintenant qu’on avait bien soutenu les librairies, on ne pouvait pas un peu soutenir aussi les auteurs.
Alors ça tombe bien parce que je sais comment on fait, et du coup, je vais de nouveau copier et coller le paragraphe d’un de mes articles que je vais un peu modifier pour qu’il ne concerne que les auteurs (je me fais pas chier, quand j’écris ces posts, moi…) On ne sait jamais, si vous voulez un jour soutenir un auteur, ça peut servir.
Avant de commencer, notez que quand un auteur demande du soutien, il ne parle pas d’un soutien moral. Le moral, ça va. Non, là, il parle de soutien financier. Ceci étant précisé, voici plein de bons conseils pour soutenir votre auteur préféré !
Si vous voulez soutenir un auteur, achetez du neuf. Les occasions, c’est sale. On ne sait pas qui y a touché, et vous allez choper plein de maladies. Et puis quand un livre est vendu d’occasion, ses droits d’auteur ont déjà été payés et il est sorti du circuit du neuf de la chaîne du livre, donc il ne rapporte plus rien à l’éditeur, ni aux pauvres artistes qui ont parfois travaillé très dur pendant un an pour sortir un livre qui finalement ne fait qu’une soixantaine de pages. Si vous achetez d’occasion, pour l’auteur, ce ne sera qu’un manque à gagner, d’accord… mais c’est quand même une souffrance, alors n’achetez pas d’occasion. Pour le soutenir.
Dans le même esprit, évitez de lire un livre que vous ne pouvez pas vous payer en cachette dans une librairie, pour ne pas vous faire déloger de votre petit coin tranquille à coup de cailloux. Un livre lu et non acheté, c’est un manque à gagner, et un manque à gagner, c’est une souffrance. « Et puis c’est pas une bibliothèque, ici ! »
Ne prêtez pas vos livres. Si le prêt ne se fait pas en bibliothèque, c’est un manque à gagner. Notez que lorsque le prêt est effectué en bibliothèque l’auteur touchera de l’argent s’il est inscrit à la Sofia. Donc si vous empruntez le livre de l’auteur dans une bibliothèque, ça va. Par contre, ne prêtez pas votre livre à vos amis. Dites-leur de l’acheter, et culpabilisez-les en leur parlant des milliers d’auteurs qui meurent de faim chaque jour.
Le piratage, c’est le même principe, mais en plus énorme. Légalement, ce n’est pas du vol. Quand on vous vole un objet, vous ne l’avez plus. Quand on le copie, vous l’avez encore, donc il n’est pas volé. Mais quand vous avez acheté un livre, vous n’avez pas le droit de le copier (c’est généralement écrit en petits caractères avec la mention de droits d’auteur et la date de publication). Si vous piratez un livre, vous le copiez sur votre disque. Et si vous le lisez illégalement en streaming, une copie temporaire du fichier se trouve toujours dans le cache de votre navigateur (même si le lecteur lambda n’en sait généralement rien). Le fait que vous n’ayez pas acheté le livre copié ne change rien à l’affaire. Toute reproduction est interdite, quel que soit le support et quelle que soit la situation. Cette mention date pratiquement de la création de l’imprimerie, et elle a été créée pour empêcher un éditeur de vendre exactement le même livre que son concurrent.
Sur le principe, évidemment, tout le monde s’en fout, puisque beaucoup de vos auteurs préférés triment toute l’année sur leurs BD de soixante pages en écoutant de la musique piratée, et font leurs petites pauses en se regardant un film piraté ou en jouant à un jeu vidéo piraté. C’est juste que leurs livres, faut pas y toucher. Et puis c’est un manque à gagner, et faut pas rigoler avec le manque à gagner.
Par contre, vous pouvez acheter le livre de votre auteur chez un vendeur de livres numériques. À l’unité, il sera trop cher, parce que le gentil éditeur du pauvre auteur n’a quand même pas trop envie de vous vendre une version numérique pour des raisons qui lui sont propres et qu’il n’a pas à vous communiquer, mais vous aurez l’assurance que l’auteur touchera de l’argent sur chaque vente de son livre numérique. Surtout depuis que la loi a changée, et que les éditeurs sont obligés de mentionner les versions numériques dans leurs contrats avec les auteurs.
N’achetez pas de version du livre en langue étrangère. Déjà, ça n’a aucun sens, sauf si vous ne parlez pas français. Et en plus, il y a de fortes chances que ça ne rapporte rien à l’auteur, qui signera souvent des contrats de merde avec son éditeur, sans trop s’imaginer qu’il pourrait avoir du succès à l’étranger…
N’achetez que les livres de votre auteur, pas ceux de ses concurrents, qui sont souvent mal écrits et mal dessinés, sauf s’il s’agit de grands classiques des années de son adolescence, qui n’ont rien à voir avec les BD actuelles et qui étaient d’un autre niveau quelle que soit l’époque. Chaque livre acheté à un autre auteur est un manque à gagner, et le manque à gagner, c’est une souffrance.
Achetez partout. Les livres de votre auteur préféré sont souvent en vente partout. Ça veut dire que même si vous les achetez sur Amazon, l’auteur sera rémunéré. D’ailleurs, même si vous l’achetez là, maintenant, il sera rémunéré. Et si vous m’en parlez, je vous promets de ne pas le répéter à votre libraire.
Enfin, faut-il apprécier un livre pour soutenir son auteur ? Hé bien, justement non ! Et c’est toute la beauté du geste ! Vous pouvez acheter son livre et le jeter ! Pas la peine de le lire, on ne vous en demande pas tant ! Même si vous ne le lisez pas, l’auteur sera rémunéré ! Et vous aurez le plaisir d’avoir soutenu votre auteur ! Elle est pas belle, la vie ?!