Bars et restaurants

Les résultats d’une enquête ont montré il y a quelques mois que les bars et restaurants sont des lieux de contagion privilégiés. Pour le moment, on met tout ça sur le dos du masque qu’on ne porte pas pour manger, en imaginant probablement une personne contaminée qui respire un peu fort, parle un peu fort, postillonne sans arrêt et ne prend aucune précaution tandis qu’il termine son demi de vin, et contamine naturellement la pauvre personne d’en face qui n’a rien demandé. Une fois qu’on aura passé cette image du gros monsieur qui fait chier, on devrait progressivement arriver à la conclusion que dans un tel cas, le virus ne se contente pas de rester tranquillement en suspension dans l’air. Il se dépose aussi. Les ustensiles de cuisine sur lesquels il s’est déposé sont ensuite mis à laver, puis remis en circulation parfois toujours contaminés, pour contaminer un nouveau client, et il devient donc pratiquement impossible d’évaluer une chaîne de contamination, ce qui dans ce cas réduit à néant les efforts pour retracer les cas contacts.

On parle également des bureaux comme vecteur de contamination privilégiés. Notez qu’à midi, tout le monde va manger quelque part. Peut-être qu’il faudrait donc moduler l’enquête en distinguant ceux qui apportent leur sandwich et ceux qui vont manger au snack pas trop cher du coin. De même en Ehpad, foyers d’infection privilégiés. À mon avis, donnez à tout le monde des couverts, assiettes et verres jetables, et vous faites chuter le taux de contamination.

Même lorsque tout le monde porte son masque obligatoire, on peut constater que la propagation du virus continue d’augmenter. On a tendance à mettre ça sur le compte des gens qui portent mal le masque, en laissant dépasser le nez ou en se mettant à fumer à la première occasion, ceux qui se réunissent sans masque, ne respectent pas la distanciation sociale, etc. Les mauvais élèves, en quelque sorte. Tout cela à cause d’une confusion normale, compte-tenu des circonstances : attraper le virus en respirant est le mode de contamination le plus facile, mais ce n’est pas le plus courant. Quand on resserrera encore la vis sur les hôtels, bars, restaurants et cantines, la propagation du virus va sensiblement baisser, même sans port du masque obligatoire. Même sans confinement. La solution serait peut-être de permettre aux restaurateurs de se payer un système de nettoyage et de désinfection standardisé au lieu de leur donner des conseils d’hygiène en s’imaginant qu’ils seront constamment respectés, mais à tous les coups, même si on leur promet de leur payer le système, ça va les énerver…

Avant le deuxième confinement, les restaurants avaient été fortement incités à prendre le nom et les coordonnées des clients qui s’installaient, parfois maladroitement en laissant une feuille d’informations de contact à remplir facultativement sur la table, parfois plus proactivement, en prenant systématiquement les coordonnées d’au moins une personne à une table, et ce n’est pas trop tôt. Pour le moment, ce qui fausse les données sur la propagation du virus, c’est qu’on enlève évidemment le masque pour boire et manger dans des lieux publics. Donc la propagation du virus continue d’augmenter, et les spécialistes essaient d’expliquer cette augmentation par le fait qu’on se respire dessus, puisqu’ils sont tous braqués sur ce mode de contamination simple. Une fois qu’on aura recoupé les données des bars et restaurants, on pourra enfin comprendre qu’il est pratiquement impossible de retracer les cas contacts en se basant sur les identités des personnes assises à la même table au même moment, et donc découvrir que les cas contacts sont non seulement éloignés dans l’espace, mais aussi dans le temps (pour les fans de science fiction, ne vous méprenez pas : j’entends juste par là que les cas contacts n’étaient pas forcément présents au restaurant en même temps, ni forcément en face d’une personne contaminée, ni à la même heure, ni le même jour). Ensuite, on étudiera les résultats, et on arrivera aux conclusions que je cite plus haut depuis des mois…

Au vu de cette hausse constante du taux de contamination, les prochains confinements seront sélectifs, progressifs et périodiques, mais ils seront efficaces, puisqu’en fin de cycle, tous les établissements de chaque zone confinée seront fermés. Impossible d’aller au bar avec son masque et son gel hydroalcoolique pour boire dans un verre contaminé par exemple. Le taux de propagation du virus va donc baisser dans les zones confinées. Après, on déconfinera et on recommencera le cycle en le terminant par un confinement national de temps en temps, puisqu’on est devenu obsédé par l’idée que le virus s’attrape en respirant… Jusqu’à ce que quelqu’un comprenne qu’en période de pandémie, les verres, les assiettes et les couverts, c’est comme les mouchoirs. Si vous n’aimez pas trop faire la vaisselle dans votre établissement, utilisez des couverts jetables, et jetez-les…

A propos Eric Peyron

Eric Peyron n'est un Expert en Rien. Après trois années de Fac dont deux redoublements, Peyron a commencé les petits boulots en intérim pour gagner un peu de blé. Heureusement, inconditionnel de comics en version originale (à cause de la censure et des traductions lamentables de la plupart des versions françaises de l'époque), Peyron est rapidement devenu traducteur d'anglais autodidacte pour des magazines informatiques des années 1990-2000, puis pour de nombreuses sociétés de traduction. Suite au refus par ces mêmes sociétés d'accepter une augmentation de ses tarifs en vingt ans, Peyron a fini par revenir à ses premiers boulots au SMIC, qui paradoxalement, vingt ans plus tard, rapportent plus que des traductions techniques… Actuellement, l'Expert en Tout fait donc de la mise en rayon, des inventaires et démonstrations en grande surface, monte et démonte des stands d'animation, donne des flyers aux passants dans la rue, distribue des prospectus dans vos boîtes aux lettres, et remplace des affiches dans les toilettes des bars et restaurants. De jour comme de nuit. Accessoirement, il est aussi auteur de BD en auto-édition, mais ça, vous le savez probablement déjà. Bref, Peyron est un type qui ne comprend absolument rien à rien, comme la plupart des imbéciles qui se baladent régulièrement sur les réseaux sociaux, mais ça va pas l'empêcher de donner son avis !

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