Wonder Woman 1984, suite

Allez, on passe à la suite de l’article d’hier. Alors j’ai remarqué un truc sur les réseaux sociaux et sur le journalisme cinéma en général, des années avant la création des réseaux sociaux : il y a des meneurs. Des spécialistes en cinéma qui ont une opinion construite et pertinente, qui notent les films selon leur expérience et leurs connaissances en spécialistes de cinéma, et qui sont un peu plus intelligents que vous et moi.

Et puis il y a les suiveurs. Les gens comme vous et moi, donc, qui se basent sur l’opinion des gens qui savent pour créer leurs articles de blog parce qu’ils n’ont pas vraiment d’autre choix, vu qu’ils n’y connaissent rien. Après tout, chacun sa spécialité, et heu… les vaches seront bien gardées. Enfin je crois. Faudrait que je lise 1984 pour être sûr, mais je crois que c’est bien la citation.

Le truc, c’est qu’on part du principe que ces meneurs sont tellement cultivés qu’ils ne subissent aucune influence. Avec la montée des réseaux sociaux, les meneurs génèrent une espèce de tendance générale. Cette tendance générale est encore amplifiée par les propagandistes, qui arrivent à transformer un simple problème en véritable scandale, et le résultat forme à présent ce que je qualifie d’Opinion Générale. Alors, ça a l’air compliqué comme ça, mais rassurez-vous, dans le cas d’un film, on peut résumer l’opinion générale en quelques mots : Ça marche ou Ça marche pas.

Et après, il y a les suiveurs (les vrais gens, en quelque sorte, ceux qui réagissent à l’info) : quand l’Opinion Générale dit que quelque chose marche, ça leur plait, et ils essaient d’expliquer pourquoi ça marche. Inversement, quand l’Opinion générale dit que quelque chose ne marche pas, ça ne leur plait pas, et ils essaient d’expliquer pourquoi ça ne marche pas. C’est complètement con, mais c’est comme ça.

Témoin le premier Wonder Woman. À l’époque où il est sorti, il s’agissait du premier film mettant en scène une super-héroïne. Il était réalisé par une femme, Patty Jenkins, et mettaient en scène des femmes en persos principales. Ça a l’air original, comme ça, mais pas pour un geek. Les lecteurs de comics y sont habitués depuis des années, donc, nous on a plutôt tendance à regarder le film qu’à s’extasier sur des concepts qui n’ont rien d’une nouveauté. Et il n’était pas terrible ce film. Comme Patty Jenkins est une très bonne réalisatrice, elle a pu sauver une histoire un peu plate grâce à des scènes d’actions très lisibles, et en a fait un excellent divertissement. Personnellement, j’aurai pu me passer des super-pouvoirs à la Dragon Ball, et du message un peu trop droitiste que fait passer le film (ça se dit droitiste ?), mais il s’agissait d’un film DC, et dans les films DC actuels, le libéralisme a toujours l’air un peu forcé…

Naturellement, comme les activistes féministes se sont données à fond sur la propagande, le film a été encensé par l’Opinion Générale, et de toutes façons, pas besoin d’en faire trop pour faire passer un bon divertissement pour un excellent film.

Avec Wonder Woman 1984, c’est pareil. Ceux qui l’ont vu savaient d’avance qu’il n’est pas terrible ce film, et que comme Patty Jenkins est une très bonne réalisatrice, elle a pu sauver une histoire un peu plate grâce à des scènes d’actions très lisibles, et en a fait un excellent divertissement. Le problème, c’est le soutien complètement déplacé de la part de Gal Gadot, l’actrice principale, de l’armée d’Israël dont elle a fait partie. Et ça, c’est mal passé avec tout le monde. Avec les intégristes arabes du monde entier, qui ont tendance à soutenir le Hamas sans trop savoir ce que c’est, mais aussi avec les libéraux parce que l’actrice représente maintenant Wonder Woman et que Wonder Woman représente un idéal. Pour vous faire un parallèle, imaginez l’acteur de Captain America soutenir l’Amérique de Trump contre l’intégrisme arabe, et vous aurez une idée du malaise pour les libéraux…

Du coup, le prochain Wonder Woman allait devenir un film complètement nul pour l’Opinion Générale, comme le prochain Cléopatre d’ailleurs (Ah non, là c’est simplement à cause des origines de l’actrice… Je vais écrire un truc dessus). Et c’était facile, parce que le premier Wonder Woman n’était pas le chef d’œuvre qu’on a essayé de nous vendre.

Et que font les suiveurs actuellement sur Facebook, les vrais gens, ceux qui ont réellement vu le film, et dont seule l’opinion devrait compter ? Ils font comme d’habitude : ils ont vu que le film n’avait pas marché, donc il ne leur a pas plu, et ils essaient d’expliquer pourquoi il n’a pas marché…

Mais le film a réellement marché. Comme le premier. On vous l’a juste vendu comme un film qui ne marche pas…

A propos Eric Peyron

Eric Peyron n'est un Expert en Rien. Après trois années de Fac dont deux redoublements, Peyron a commencé les petits boulots en intérim pour gagner un peu de blé. Heureusement, inconditionnel de comics en version originale (à cause de la censure et des traductions lamentables de la plupart des versions françaises de l'époque), Peyron est rapidement devenu traducteur d'anglais autodidacte pour des magazines informatiques des années 1990-2000, puis pour de nombreuses sociétés de traduction. Suite au refus par ces mêmes sociétés d'accepter une augmentation de ses tarifs en vingt ans, Peyron a fini par revenir à ses premiers boulots au SMIC, qui paradoxalement, vingt ans plus tard, rapportent plus que des traductions techniques… Actuellement, l'Expert en Tout fait donc de la mise en rayon, des inventaires et démonstrations en grande surface, monte et démonte des stands d'animation, donne des flyers aux passants dans la rue, distribue des prospectus dans vos boîtes aux lettres, et remplace des affiches dans les toilettes des bars et restaurants. De jour comme de nuit. Accessoirement, il est aussi auteur de BD en auto-édition, mais ça, vous le savez probablement déjà. Bref, Peyron est un type qui ne comprend absolument rien à rien, comme la plupart des imbéciles qui se baladent régulièrement sur les réseaux sociaux, mais ça va pas l'empêcher de donner son avis !

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