Le complotisme, Part 5

Vous vous souvenez de mon dernier article sur le complotisme ? Je vous avais promis un complot personnalisé et inédit rien que pour vous. Il m’avait fallu un peu de temps pour réfléchir à la façon de le présenter, le but étant surtout de vous inciter à vous méfier de ce que vous lisez ou regardez dans les documentaires alternatifs, mais je crois que je suis arrivé à un format intéressant, donc, voici la suite…

…mais avant, une précision, car comme le disait si bien George Orwell dans Entretien avec un vampire, L’anti-complotisme aussi est une forme d’extrémisme : pour des raisons psychologiques sur lesquelles je ne vais pas m’étendre parce que je viens à peine de les inventer, mes articles sur le complotisme et les satellites espions pourraient vous faire croire, par réaction, que les satellites espions n’existent pas. Alors je vous rassure, ils existent bel et bien, et leur existence n’est pas un secret. J’aime bien rassurer les gens.

Pour ces mêmes raisons hautement psychologiques, vous allez peut-être imaginer que je crois réellement à l’existence d’un réseau de satellites non-officiel créé dans les années 50. Ça reste dans les limites du possible, mais vous vous posez la mauvaise question (et c’est probablement parce que vous prenez tout au premier degré…) Si j’ai tant insisté sur le sujet dans le chapitre précédent, c’est parce que j’ai besoin d’un réseau créé dans les années 50 pour la suite de l’histoire. J’aurais probablement pu utiliser les satellites espions existants pour raconter exactement la même histoire, et cette théorie du complot aurait certainement semblé plus réaliste, mais il m’aurait fallu faire trop de recherches, et je n’en avais juste pas envie. Du coup, j’ai tout simplifié en inventant mon propre réseau de satellites, avec lesquels je peux faire exactement ce que je veux. De cette façon, je peux prétendre sans risque qu’on a caché leur existence, et les équiper avec littéralement n’importe quoi.

Pareil pour le budget consacré au programme spatial américain. Dans le dernier chapitre, je l’ai décrit à la Trump : tout est clair parce qu’on comprend tous les mots, mais en réalité, ça ne veut rien dire (Combien d’argent, et à quel organisme ? On s’en fout…). Dans ce cas aussi, j’ai pris un raccourci parce que je n’avais juste pas envie de faire des recherches.

Ceci-dit, on repart sur notre théorie du complot :

Dans nos deux épisodes précédents, je vous ai dévoilé l’existence de tout un réseau de satellites devenu opérationnel vers la fin des années 60, et qui était l’un des enjeux de la Guerre froide. Maintenant, on va préciser un peu.

La Guerre froide a été caractérisée par une course à l’armement, et la course à l’espace n’était qu’une couverture pour créer tout un système destiné à se protéger de l’ennemi. La création d’un bouclier spatial anti-missile était naturellement indispensable, mais même à notre époque, les scientifiques sont encore en train de s’arracher les cheveux pour réaliser le projet. Le deuxième objectif de cette course à l’espace était beaucoup plus facile à atteindre : la création d’un gigantesque réseau de surveillance dans tous les pays capitalistes. Pour surveiller quoi ? Qui ? Tout et tout le monde. Et en même temps si on peut. On voulait se donner la possibilité de surveiller n’importe qui, et ne jamais le perdre de vue. Et pas seulement dans les pays étrangers. Là, on parle bien de surveillance intérieure pour chaque pays. Un réseau de satellites, dans lequel la caméra de chaque satellite pouvait prendre le relais une fois le satellite précédent hors de portée pour qu’il y ait une continuité d’image, ça peut paraître une bonne idée. Sauf que si on en reste là, il y a quand même un problème technique.

Parce qu’on parle des modèles des années 50.

Alors avant de poursuivre, un petit aparté sur les nouvelles technologies : les nouvelles technologies ont pratiquement 70 ans de retard sur les technologies utilisées par la Défense de chaque pays. Et ce nombre d’années est probablement exponentiel. Déjà parce que la Défense nationale a une option sur chaque nouvelle découverte scientifique, et peut décider de la rendre publique ou non, mais plus simplement parce que la Défense n’a pas toujours besoin d’appareils miniaturisés ou peu onéreux. C’est même parfois l’inverse pour des raisons budgétaires, mais c’est un autre sujet.

Pour prendre l’exemple de l’informatique, si on voulait bénéficier en 1950 de la puissance de traitement d’un ordinateur de 2020, il fallait stocker des machines énormes et hors de prix dans des hangars gigantesques, et employer du personnel de maintenance spécialisé. Ce n’était pas pratique, mais c’était faisable. Il était donc techniquement possible de bénéficier d’une puissance de traitement gigantesque pour l’époque.

Pour les caméras, c’est pareil. Les caméras des satellites de l’époque relèvent de la science-fiction (celle de l’époque, du moins). Les résultats étaient spectaculaires. Les caméras d’un satellite pouvaient détailler les membranes des ailes d’une mouche posée sur une branche d’arbre au milieu des feuilles, voir à travers les murs par infrarouge, reconstituer des couleurs presque exactes de l’intérieur d’une pièce sans fenêtre, et filmer littéralement sous tous les angles, même les plus impossibles. De la science-fiction. Sauf que si la mouche décidait de se barrer en s’envolant, la caméra ne pouvait pas la suivre… De mise à jour en mise à jour, ce défaut a été corrigé, et les satellites actuels peuvent à présent suivre la mouche où qu’elle aille. Rien ne peut leur échapper.

Mais bon… pas dans les années 50.

Et impossible d’attendre l’évolution technologique inéluctable des satellites, parce que les russes talonnaient les américains. Il a donc fallu parer au plus pressé, et inventer un système de repérage au sol en parallèle avec la création des premiers satellites.

Et à l’époque, les drones, ça n’existait pas, alors on a utilisé des humains. Un nouveau type d’espion dont le rôle n’était pas de surveiller qui que ce soit, mais uniquement de transporter à proximité de cibles désignées un matériel à la technologie proche du GPS.

On se retrouve dans le prochain chapitre pour discuter de tout le système de quadrillage au sol, en prenant juste l’exemple du territoire français pour que les chiffres fassent un peu moins peur…

Notez que je vous avais dit dans le chapitre précédent que vous ne saviez pas où je voulais en venir. Le but du jeu, ce n’est pas de vous parler de satellites qui émettent sur vous, lisent dans vos pensées (quoi qu’avec un peu d’astuce, je pourrais peut-être rendre ça crédible. Je vais y réfléchir), vous envoient des ondes pour je ne sais quelle raison, essaient de vous contrôler à distance comme un perso de jeu vidéo, et que sais-je encore.

Non, je vais vous décrire dans les détails comment un système de surveillance international peut se pervertir au point de continuer à exister de nos jours alors qu’il ne sert strictement à rien.

On commence dans le chapitre suivant, mais pas sans passer à cette partie tant attendue de notre théorie du complot (la plus marrante) : on va essayer de distinguer le vrai du faux. Vous risquez d’avoir quelques surprises…

Ce qui est vrai

L’existence de satellites espions n’est pas un secret. C’est vrai.

La Guerre froide a été caractérisée par une course à l’armement. C’est vrai.

Cette théorie du complot est un tissu de conneries. C’est vrai pour toutes les théories du complot. Ne vous laissez pas avoir.

Les scientifiques sont encore en train de s’arracher les cheveux pour réaliser un projet de bouclier spatial anti-missile. C’est vrai. La preuve, c’est que beaucoup sont chauves.

Dans les années 50, des drones, on n’en avait pas. C’est vrai, mais quand même… faudrait savoir ! On a 70 ans d’avance sur la technologie ou non ?! En fait, je nie l’existence des drones dans les années 50 parce que ça ne m’aurait pas arrangé pour la suite de l’histoire… Du coup, ça génère un problème de logique, mais si c’est bien écrit, vous n’aurez rien remarqué.

On parle des modèles des années 50. C’est vrai (puisque je vous le dis).

Si on voulait bénéficier en 1950 de la puissance de traitement d’un ordinateur de 2020, il fallait stocker des machines énormes et hors de prix dans des hangars gigantesques, et employer du personnel de maintenance spécialisé. C’est vrai, mais vous vous êtes fait avoir quand même. Vous le verrez en lisant ce qui est faux.

La Défense nationale a une option sur chaque nouvelle découverte scientifique, et peut décider de la rendre publique ou non. C’est vrai.

La Défense n’a pas toujours besoin d’appareils miniaturisés ou peu onéreux. C’est même parfois l’inverse pour des raisons budgétaires, mais c’est un autre sujet. C’est vrai, c’est un autre sujet.

Ce qui est faux

La course à l’espace a été une couverture pour créer tout un système destiné à se protéger de l’armement ennemi. C’est faux. La création de satellites espions s’est déroulée en parallèle à la création de fusées.

Les nouvelles technologies ont pratiquement 70 ans de retard sur les technologies utilisées par la Défense de chaque pays. C’est faux. J’ai inventé cette intervalle de 70 ans pour justifier l’existence de technologies de 2020 dans les années 50.

Pour les caméras, c’est pareil. Les caméras des satellites de l’époque relèvent de la science-fiction. C’est faux. Ce qui est vrai pour le traitement informatique ne s’applique pas à l’optique. Mais comme je vous ai donné l’exemple du traitement informatique juste avant, vous avez commencé à y croire…

Les caméras d’un satellite pouvaient détailler les membranes des ailes d’une mouche posée sur une branche d’arbre au milieu des feuilles, voir à travers les murs par infrarouge, reconstituer des couleurs presque exactes de l’intérieur d’une pièce sans fenêtre, et filmer littéralement sous tous les angles, même les plus impossibles. C’est faux. On parle des années 50…

Ce qui est probable

On voulait se donner la possibilité de surveiller n’importe qui. C’est probable.

Les satellites actuels peuvent à présent suivre une mouche où qu’elle aille. C’est probable.

Il a fallu parer au plus pressé, et inventer un système de repérage au sol en parallèle avec la création des premiers satellites. C’est dans la logique. Pour pallier aux défauts des premiers satellites, il aurait fallu créer un système complémentaire au sol pour les aider à viser.

About Eric Peyron

Eric Peyron n'est un Expert en Rien. Après trois années de Fac dont deux redoublements, Peyron a commencé les petits boulots en intérim pour gagner un peu de blé. Heureusement, inconditionnel de comics en version originale (à cause de la censure et des traductions lamentables de la plupart des versions françaises de l'époque), Peyron est rapidement devenu traducteur d'anglais autodidacte pour des magazines informatiques des années 1990-2000, puis pour de nombreuses sociétés de traduction. Suite au refus par ces mêmes sociétés d'accepter une augmentation de ses tarifs en vingt ans, Peyron a fini par revenir à ses premiers boulots au SMIC, qui paradoxalement, vingt ans plus tard, rapportent plus que des traductions techniques… Actuellement, l'Expert en Tout fait donc de la mise en rayon, des inventaires et démonstrations en grande surface, monte et démonte des stands d'animation, donne des flyers aux passants dans la rue, distribue des prospectus dans vos boîtes aux lettres, et remplace des affiches dans les toilettes des bars et restaurants. De jour comme de nuit. Accessoirement, il est aussi auteur de BD en auto-édition, mais ça, vous le savez probablement déjà. Bref, Peyron est un type qui ne comprend absolument rien à rien, comme la plupart des imbéciles qui se baladent régulièrement sur les réseaux sociaux, mais ça va pas l'empêcher de donner son avis !

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