Festivals et Pass sanitaire Part II

Alors le week-end prochain, je vais peut-être aller au festival de Brignais. Peut-être, parce que finalement, je réalise que ça dépend de l’allocution du président mardi.

Je n’ai pas encore lu d’article tentant de prévoir ce qui va être annoncé, et je suppose qu’on en aura quelques dizaines lundi ou mardi après-midi. Du coup, autant essayer de deviner moi-même, ça ne mange pas de pain, et je ne tombe jamais très loin quand je me prête à cet exercice…

Donc, pour situer le contexte sanitaire, le taux de contamination remonte. En général, quand ça arrive, il remonte un peu pendant quelques mois, puis monte de plus en plus vite, jusqu’à ce qu’on arrive à un genre de catastrophe qui pousse au confinement. Les courbes exponentielles, ça surprend toujours un peu, au début. Heureusement, on prend maintenant des mesures avant la catastrophe.

Pour vous situer le contexte économique, à l’heure où j’écris ces lignes, on est le 7 novembre. Ceux qui font leurs cadeaux le 24 décembre ne le comprendront peut-être pas, mais commercialement, on entre dans la période de Noël.

Pour vous situer le contexte politique, on est à six mois des élections présidentielles. La partie non-officielle de la campagne électorale de la majorité a déjà commencé, et ce n’est pas le moment de se louper. Pour commencer, les constats d’échec sont à bannir, ce qui n’augure rien de bon au niveau de la cohérence des décisions politiques… 

La courbe monte, alors que faire ?

D’un point de vue sanitaire, l’option la plus logique est un confinement total pendant quelques semaines. Mais d’un point de vue économique, c’est une mauvaise décision, donc d’un point de vue politique, on va éviter le confinement.

La deuxième bonne idée d’un point de vue sanitaire serait de fermer immédiatement tous les endroits ou l’on mange en public. Même si on ne comprend pas vraiment pourquoi, on constate quand même que, vaccinés ou non, c’est là qu’on se contamine le plus. Mauvaise idée d’un point de vue économique. Donc, politiquement, ça passe pas.

Reste le Pass sanitaire, avec ses deux parties : les tests et la vaccination.

Durant les premiers mois de la campagne de vaccination, les journalistes n’ont pas arrêté de nous seriner que les hôpitaux étaient remplis exclusivement de non-vaccinés. Ces derniers temps, ils ont arrêté. C’est normal parce qu’on en est à plus de 70 % de vaccinés en France, donc les vaccinés commencent eux aussi à remplir les hôpitaux, mais autant ne pas le mentionner. Notez que lorsqu’on atteindra 100 % de vaccinés les contaminés qui rempliront les hôpitaux seront exclusivement des vaccinés. C’est un peu normal, quelque part.

Mais ça, politiquement, ça ne passe pas, parce que ça commence à ressembler à un début de constat d’échec. Et économiquement, on doit impérativement tout laisser ouvert pendant que les gens se mélangent dans les magasins pendant deux mois, en pleine montée du taux de contamination.

Qu’est-ce qu’on fait dans ces cas là ? Ben, on continue à pousser le vaccin. Avec une deuxième campagne de vaccination, le taux va continuer de monter pendant ces deux mois (le temps que tout le monde se fasse vacciner), pour commencer à baisser à la mi-janvier. Notez que même sans deuxième campagne de vaccination on obtiendra sensiblement le même résultat, mais ça, ce n’est pas la peine de le mentionner. Le fait est que la vaccination fonctionne, si l’on s’en tient à son objectif non officiel : nous faire gagner du temps. Ça a fait un peu foirer mes prévisions, parce qu’au lieu d’avoir une courbe en dents de scie en automne, on a eu une courbe en baisse progressive, puis en hausse progressive, mais ça prouve que c’est efficace. Le problème, c’est que si on a pu gagner du temps avec plus de 70 % de vaccinés, on ne va pas arriver à endiguer la hausse en ajoutant un peu moins de 30 %. La seule méthode efficace, c’est de tout fermer en pleine période de Noël, et ça ne va pas arriver.

En prévoyant une baisse à la mi-janvier, on peut rester politiquement cohérent en durcissant la campagne de vaccination. De cette façon, pas de constat d’échec, et c’est le plus important. Si on veut aller dans cette voie, ce sera une troisième dose obligatoire pour tous les vaccinés en fonction de leur date de vaccination. Une fois qu’on aura sécurisé cette population, il faudra penser aux non-vaccinés. Comment les motiver plus tout en restant dans cette logique de droite qui caractérise le Pass sanitaire français ? Ben comme avant, en leur enlevant des acquis pour les leur redistribuer comme privilèges quand ils rentreront dans le rang. Donc, à priori, le Pass sanitaire va devenir obligatoire dans beaucoup plus d’endroits. Les grands centres commerciaux vont probablement avoir une dérogation sans qu’on comprenne trop pourquoi, mais les petits commerces qui pèsent un peu moins lourd n’y couperont pas. On peut également aller un cran plus loin, et taper un peu plus sur les non-vaccinés et rendant la vaccination obligatoire pour tous, en argumentant que si on se contamine, c’est à cause des non-vaccinés. C’est con, mais ça marche, surtout si on le gueule très fort. Et surtout si on continue à avoir des manifs dans la rue composées en grande partie des complotistes qui représentent maintenant l’opposition d’extrême droite. Ces manifestations tous les samedis, c’est un peu comme vendre du Zemmour pour casser l’électorat de Le Pen, ça aide la majorité.

D’un point de vue sanitaire, la logique voudrait que les tests PCR ou antigéniques deviennent obligatoires et gratuits pour toute la population, vaccinée ou non, mais d’un point de vue politique, la dispense de test fait partie des privilèges des vaccinés, donc on ne va pas la leur enlever avant d’avoir 100 % de vaccinés. Et puis les tests poussent à la vaccination, et l’objectif est de promouvoir la vaccination, parce qu’il s’agit de la seule arme économique et politique contre le COVID. Et la courbe va de toute façon commencer baisser à la mi-janvier. Donc, à mon avis les tests resteront payants et les vaccinés en seront toujours dispensés.

Donc, si la vaccination devient obligatoire pour tous à partir de mardi, et que je n’obtiens pas de rendez-vous assez vite, je risque de ne pas pouvoir aller au festival du week-end prochain. Espérons que j’aurais seulement à claquer 25 euros de test antigénique pour pouvoir tenir mon stand…

On se revoit après mardi pour la suite des événements. En attendant, je vous laisse avec une galerie de comics indépendants, tiens.

A propos Eric Peyron

Eric Peyron n'est un Expert en Rien. Après trois années de Fac dont deux redoublements, Peyron a commencé les petits boulots en intérim pour gagner un peu de blé. Heureusement, inconditionnel de comics en version originale (à cause de la censure et des traductions lamentables de la plupart des versions françaises de l'époque), Peyron est rapidement devenu traducteur d'anglais autodidacte pour des magazines informatiques des années 1990-2000, puis pour de nombreuses sociétés de traduction. Suite au refus par ces mêmes sociétés d'accepter une augmentation de ses tarifs en vingt ans, Peyron a fini par revenir à ses premiers boulots au SMIC, qui paradoxalement, vingt ans plus tard, rapportent plus que des traductions techniques… Actuellement, l'Expert en Tout fait donc de la mise en rayon, des inventaires et démonstrations en grande surface, monte et démonte des stands d'animation, donne des flyers aux passants dans la rue, distribue des prospectus dans vos boîtes aux lettres, et remplace des affiches dans les toilettes des bars et restaurants. De jour comme de nuit. Accessoirement, il est aussi auteur de BD en auto-édition, mais ça, vous le savez probablement déjà. Bref, Peyron est un type qui ne comprend absolument rien à rien, comme la plupart des imbéciles qui se baladent régulièrement sur les réseaux sociaux, mais ça va pas l'empêcher de donner son avis !

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