Le complotisme, Part 6

Vous vous souvenez de mes derniers articles sur le complotisme ? Je vous avais promis un complot personnalisé et inédit rien que pour vous. Il m’avait fallu un peu de temps pour réfléchir à la façon de le présenter, le but étant surtout de vous inciter à vous méfier de ce que vous lisez ou regardez dans les documentaires alternatifs, mais je crois que je suis arrivé à un format intéressant, donc, voici la suite…

Mais avant de commencer, comme dans mon dernier article, un petit aparté sur ces fameuses théories du complot : une fois que vous aurez terminé cette série d’articles, vous verrez que cette théorie du complot, vous ne la trouverez nulle part. C’est normal. Bien que crédible pour tous ceux qui ont arrêté l’école en 3ème et galèrent pour gagner de l’argent parce que les riches refusent de leur en donner (comme toutes les théories du complot d’ailleurs), il s’agit quand même d’une théorie qui n’arrange personne. Ça peut paraître un peu étrange comme opinion, mais pas d’inquiétude, vous allez vite comprendre. Réfléchissez à la théorie du complot suivante : Les chiffres du COVID 19 ont été largement amplifiés pour obliger tous les états à fermer leurs frontières et limiter l’afflux de migrants. Comme théorie du complot, c’est largement aussi con que le reste, c’est simple, compréhensible, et ça se tient, du moment qu’on n’approfondit pas (et faire des recherches, c’est chiant, donc on n’approfondit jamais) mais est-ce que vous avez déjà lu ça quelque part ? Non. C’est normal. C’est parce que non seulement il ne s’agit pas d’une théorie d’extrême droite, mais, et c’est bien plus important, essayer de dévoiler l’existence d’un tel complot n’arrangerait personne. Donc ce n’est pas une théorie du complot qui va subitement faire surface dans les réseaux sociaux. Elle ne sera pas montée en épingle. Elle fera long feu. Et la mienne aussi évidemment, parce que dévoiler l’existence d’un tel complot n’arrange LITTÉRALEMENT personne. Ça ne vous arrangerait même pas vous, puisque vous verrez que vous aussi, en participant au système, vous pourriez en tirer des bénéfices. Vous ou vos enfants (les nuls. Ceux qui n’ont pas travaillé à l’école parce qu’ils n’en voyaient pas l’intérêt). C’est d’ailleurs pour ça que je peux vous livrer la théorie sans me faire trop de souci : vous n’allez pas la propager ni la détourner en faisant croire qu’elle est vraie. Vous le comprendrez à mesure que vous lirez ces articles.

Et sur ces bonnes paroles, on passe à la suite !

Dans nos épisodes précédents, je vous ai dévoilé l’existence d’un réseau de satellites international devenu opérationnel vers la fin des années 60, et qui était l’un des enjeux majeurs de la Guerre froide. Ce réseau de satellites a été complété par tout un système de repérage au sol dans tous les pays, et entrainé la création d’une nouvelle génération d’espions dont la mission est exclusivement de transporter des unités de repérage à proximité de cibles désignées.

Aujourd’hui, on va continuer gaiement dans le délire en commençant par la description du système de repérage au sol. Ne vous inquiétez pas, on ne va pas trop faire dans la technique. Je ne vais pas vous expliquer exactement comment fonctionne le système. Je vais juste le décrire sommairement, et les plus scientifiques d’entre vous (ceux qui ont continué l’école après la 3ème) pourront approfondir. S’ils en ont envie.

Premièrement, on va balayer une idée reçue : si vous êtes surveillés par ce système, il n’y a ni micro, ni caméra chez vous ni sur vous. S’il y a des micros et caméras chez vous ou sur vous, vous êtes également surveillés par un autre organisme (voire, plus probablement par un amateur…)

Alors comment fonctionne le système ? Pour commencer, chaque être vivant est caractérisé par une fréquence de résonance personnelle, et des appareils extrêmement sensibles permettent de l’enregistrer. Le but du jeu est donc de commencer par enregistrer la fréquence personnelle de chaque cible pour qu’elle puisse ensuite être repérée immédiatement par les capteurs au sol (je pourrais même vous dire à quel moment on l’enregistre, mais ce sera pour plus tard). Puis le système fonctionne avec quatre capteurs mobiles et une antenne acoustique. Quatre capteurs mobiles transportés par des groupes d’au moins deux personnes.

Pour que le système fonctionne, il faut donc quatre capteurs autour de la cible. Une fois votre fréquence de résonance dans la base de données, les capteurs la repèrent systématiquement. Et très très précisément. Imaginez un système d’écholocation qui capterait les sons les plus aigus possibles pour avoir la position GPS la plus précise possible… de la moindre parcelle de votre corps… alors qu’il est constamment en mouvement. Avec en bonus la capacité de pouvoir constamment écouter les sons les plus infimes et les transmettre par radio aux écouteurs de vos espions sur une fréquence interdite (et les fréquences interdites, on y reviendra aussi…) L’image avec le satellite, et le son avec les unités de repérage.

Disposer d’un système de repérage formé par quatre capteurs, c’est bien, mais que se passe-t-il quand la cible sort du système ? Lorsqu’inévitablement, elle devient hors de portée ? Dans ce cas, le satellite ne peut plus la repérer. L’idéal serait donc que la cible sorte progressivement d’un système à quatre points pour entrer progressivement dans un autre système à quatre points. De cette façon, on aura à tout moment une continuité totale du son et de l’image. Avec une cible mobile. PAS UNE SEULE COUPURE.

Et pour en arriver là, il faut quadriller tout le pays, avec un quadrillage serré en agglomération, et plus lâche à la campagne et sur les routes, où des surveillants en voiture s’occuperont de suivre la cible. Alors évidemment, on peut penser que la cible pourrait semer les surveillants dans les zones rurales, et prendre le maquis en quelque sorte. Et c’est effectivement ce qu’il faut expliquer aux organismes qui balancent le budget pour payer tout ça. Il faut leur faire croire que la portée des capteurs est extrêmement limitée, mais qu’on se débrouille quand même pour ne jamais perdre les cibles de vue parce qu’on est tous très pros… Mais là, je commence à déborder sur un sujet qui sera traité dans un article à venir. Pour le moment, retenez seulement que, pour se donner la possibilité de placer n’importe qui sous surveillance, il faut créer un quadrillage dont les points sont formés par des groupes d’au moins deux personnes qui se relaient pour vous écouter.

Concernant la portée des capteurs, le rayon maximal n’a jamais évolué. Il n’était pas terrible dans les années 50, et il est resté à peu près au même niveau dans les années 2000. À priori, il se situe actuellement entre 30 et 50 mètres, mais allez, je vais vous faire un prix, et on va dire 50 mètres. Compte tenu de cette limite de portée, pour se donner la possibilité de surveiller tout le monde, on va procéder par zones. Sur un immeuble de 30 personnes en comptant un étage par personne, par exemple, l’objectif est de se donner les moyens de pouvoir surveiller à tout moment n’importe laquelle des 30 personnes. Ça veut dire que pour respecter la portée en hauteur, le système doit se doter d’appartements de fonction tous les 50 mètres. Difficile d’intégrer les capteurs dans le bâtiment sans risque de se faire repérer (c’est du moins ce que les responsables du système expliqueront aux responsables du budget… On y reviendra aussi) donc les personnes qui seront payées pour vous surveiller seront aussi, dans certains cas, vos voisins. Même problème dans des immeubles hébergeant uniquement des bureaux, et on y reviendra aussi.

Toute cette logistique implique de créer des groupes d’espions exclusivement payés pour transporter des unités de repérage, donc principalement mandatés pour être à disposition. Un peu comme des fonctionnaires et des militaires (et ça tombe bien, parce qu’on va en parler aussi…) En d’autres termes, on parle d’un type d’espions exclusivement mandatés pour attendre, et rien d’autre. Surtout pas pour intervenir (alors que ce sont eux, les plus proches de la cible…) Uniquement pour faire acte de présence. Littéralement payés à rien foutre.

Et c’est vrai que tout ça, c’est un peu cher. Pour tout vous dire, si vous voulez vraiment quadriller toute la France avec cette méthode, il va vous falloir trouver au moins 500 000 personnes. Allez, je le réécris pour ceux qui ont lu trop vite : au moins 500 000 personnes. Et dépenser tous les ans une bonne quinzaine de milliards d’euros. Et là, je ne vais pas vous le réécrire, vous n’avez qu’à relire la phrase (c’est vrai, merde…) Evidemment, on n’a pas embauché tous ces gens à la fois. En réalité, ce nombre a été progressivement atteint entre les années 50 et les années 80, à mesure que le système se mettait en place.

Mais il a quand même fallu justifier les embauches… Avoir pour projet de se donner la possibilité de surveiller à tout moment n’importe qui, sans qu’il n’y ait aucune enquête en cours, ce n’est pas très vendeur parce que même dans le cas d’une surveillance illégale, il vaut mieux qu’il existe au moins une enquête illégale.

Non, dans ce cas précis, si vous voulez qu’on vous donne des surveillants, il va falloir trouver des surveillés. Et là, on a vraiment ratissé large…

On se retrouve dans le prochain chapitre, pour parler d’un fichier encore plus généraliste et fourre-tout que la fiche S, véritable poubelle de la surveillance. Une fiche tellement secrète que sa lettre n’est pas listée dans le Fichier des Personnes Recherchées : la fiche X et ses fameuses affaires non classées ! Et là non plus, ce n’est pas ce que vous croyez…

Et en attendant que je sois inspiré pour la suite, on va passer à la partie la plus fun de cette série d’articles : on va distinguer le vrai du faux. C’est parti !

Ce qui est vrai

Si vous êtes surveillés par des unités de repérage, il n’y a ni micro, ni caméra chez vous ni sur vous. C’est vrai. On peut déjà obtenir le son avec un micro directionnel, et notez que si toute cette théorie du complot est fausse, à plus forte raison, vous n’allez rien trouver chez vous…

Un système d’écholocation peut capter les sons les plus aigus possibles pour avoir la position la plus précise possible. C’est vrai. Pour les sous-marins.

Des fréquences interdites ? C’est vrai. Il s’agit des fréquences radio utilisées par la défense et la police. Elles sont interdites aux fabricants de radios destinées au grand public, entre autres.

Des groupes d’au moins deux personnes qui se relaient pour vous écouter ? C’est vrai, parce qu’écouter quoi que ce soit pendant plusieurs heures d’affilée, c’est un peu fatigant. Payés à rien foutre d’accord, mais quand même…

La fiche S est une véritable poubelle de la surveillance ?! Malheureusement, c’est vrai. Contrairement aux idées reçues, n’importe qui peut être fiché S. Pas besoin d’être arabe ni terroriste. Au risque de choquer, les victimes des attentats de Charlie Hebdo auraient tout à fait pu être fichées S. Ce n’est pas dramatique, et ça ne veut pas dire que vous êtes systématiquement surveillés ni qu’on va venir vous arrêter. En fait, cette fameuse fiche S est probablement la seule fiche du Fichier des Personnes Recherchées qui ne comprend aucune personne recherchée, ce qui est quand même un peu paradoxal…

Ce qui est faux

Le système fonctionne avec quatre capteurs mobiles et une antenne acoustique. C’est faux, mais ça vous rappelle peut-être quelque chose. Il existe bien un système de repérage militaire fonctionnant avec une antenne acoustique et des capteurs, mais les capteurs ne sont pas mobiles, et leur destination n’est pas la même.

Le rayon maximal des capteurs n’a jamais évolué. C’est faux. Une portée ne varie pas à la baisse. Elle augmente avec le progrès technique. Pour qu’une portée varie à la baisse, il faut qu’elle soit bridée.

Difficile d’intégrer les capteurs dans un bâtiment sans risque de se faire repérer. C’est faux. Ce n’est pas difficile…

Sérieux ?! La fiche X ?! On parle bien des X-Files ?! C’est faux. Désolé, j’ai pas pu résister… Si vous avez déjà consulté le FPR, vous avez peut-être remarqué que certaines lettres en sont absentes. C’est normal, parce qu’à chaque fiche du FPR est affectée une initiale. Le S de la fiche S, par exemple, est l’initiale de Sûreté. S’il n’y a pas de fiche X dans le FPR, c’est normal, parce qu’il n’existe aucune initiale correspondante… Pas de panique. Si on peut plus déconner…

Ce qui est probable

Chaque être vivant est caractérisé par une fréquence de résonance personnelle, et des appareils extrêmement sensibles permettent de l’enregistrer. C’est probable, mais de quelle fréquence parle-t-on, et peut-on vraiment créer un système qui va distinguer chaque être vivant ? Dans la suite du texte, on dirait qu’on parle d’une fréquence sonore, mais on dirait aussi que quelqu’un s’est amusé à noyer le poisson pour qu’on mélange vite les détails techniques et qu’on continue à lire sans se poser de questions…

Ce qui est dans la logique, même si les bases sont fausses

Pour que le système fonctionne, il faut quatre capteurs autour de la cible. C’est dans la logique. Si le système existe sous cette forme, il faut quatre capteurs autour de la cible.

L’idéal serait donc que la cible sorte progressivement d’un système à quatre points pour entrer progressivement dans un autre système à quatre points. C’est dans la logique.

PAS UNE SEULE COUPURE ?! Pas de coupure d’image. Pas de coupure de son. C’est dans la logique d’un système fonctionnant exclusivement avec des unités de repérage et des satellites. Vous pouvez vous déplacer dans les endroits les plus inaccessibles, et rester sous surveillance sans aucune coupure. La seule coupure que vos surveillants vont remarquer se produira lorsque vous sortirez de leur périmètre pour entrer dans un autre. Eux resteront à leur place, tandis que d’autres vous surveilleront.

Pour en arriver là, il faut quadriller tout le pays, avec un quadrillage serré en agglomération, et plus lâche à la campagne et sur les routes, où des surveillants en voiture s’occuperont de suivre la cible. Ça parait logique.

Sur un immeuble de 30 personnes en comptant un étage par personne, par exemple, l’objectif est de se donner les moyens de pouvoir surveiller immédiatement n’importe laquelle des 30 personnes. C’est dans la logique.

Les personnes qui seront payées pour vous surveiller seront aussi parfois vos voisins. C’est dans la logique, si la portée des appareils n’est pas suffisante.

Au moins 500 000 personnes ?! C’est dans la logique… En réalité je n’ai naturellement aucune idée du nombre d’espions qu’il faudrait pour quadriller le pays, mais si vous pensez que j’ai pris ce nombre au hasard, détrompez-vous. Rendez-vous dans un prochain article.

Et dépenser combien ?! Aucune idée. J’ai fait les calculs à la louche, et le résultat me paraît raisonnable. Le budget alloué est de toutes façons énorme. Ça reste dans la logique.

Evidemment, on ne les a pas embauchées toutes à la fois. En réalité, ce nombre a été progressivement atteint entre les années 50 et les années 80. C’est dans la logique. Vous pensez peut-être que j’ai choisi cet intervalle au hasard ? Ben vous avez raison… je l’ai choisi complètement au hasard. J’ai trouvé que ça faisait bien dans le texte…

Même dans le cas d’une surveillance illégale, il vaut mieux qu’il y ait au moins une enquête illégale. C’est dans la logique. Ne serait-ce que pour se donner la possibilité d’enterrer l’enquête si les résultats se révèlent gênants pour des personnalités haut placées. On préfère une traçabilité sur tout.

Si vous voulez qu’on vous donne des surveillants, il va falloir trouver des surveillés. C’est dans la logique.

Ce qui n’est pas logique

Il faut faire croire aux organismes de financement du système que la portée des capteurs est extrêmement limitée. Ce n’est pas logique, mais uniquement parce que les bases logiques de cette partie du raisonnement n’ont pas encore été posées. La suite dans un prochain épisode.

A propos Eric Peyron

Eric Peyron n'est un Expert en Rien. Après trois années de Fac dont deux redoublements, Peyron a commencé les petits boulots en intérim pour gagner un peu de blé. Heureusement, inconditionnel de comics en version originale (à cause de la censure et des traductions lamentables de la plupart des versions françaises de l'époque), Peyron est rapidement devenu traducteur d'anglais autodidacte pour des magazines informatiques des années 1990-2000, puis pour de nombreuses sociétés de traduction. Suite au refus par ces mêmes sociétés d'accepter une augmentation de ses tarifs en vingt ans, Peyron a fini par revenir à ses premiers boulots au SMIC, qui paradoxalement, vingt ans plus tard, rapportent plus que des traductions techniques… Actuellement, l'Expert en Tout fait donc de la mise en rayon, des inventaires et démonstrations en grande surface, monte et démonte des stands d'animation, donne des flyers aux passants dans la rue, distribue des prospectus dans vos boîtes aux lettres, et remplace des affiches dans les toilettes des bars et restaurants. De jour comme de nuit. Accessoirement, il est aussi auteur de BD en auto-édition, mais ça, vous le savez probablement déjà. Bref, Peyron est un type qui ne comprend absolument rien à rien, comme la plupart des imbéciles qui se baladent régulièrement sur les réseaux sociaux, mais ça va pas l'empêcher de donner son avis !

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