Premier film dans la série des critiques de films qui ne sont pas encore sortis, Cléopâtre de Patty Jenkins m’a quand même un peu déçu (sans compter que ma connerie de correcteur orthographique s’obstine à vouloir corriger le nom par Cloporte, mais je digresse…)
Et pourtant ça commençait fort ! Sans vous dévoiler le début, on a eu droit à quelques premières minutes d’action et de suspens qui auguraient bon pour la suite… suivies par largement plus d’une heure de scènes d’exposition qui, quoiqu’indispensables à la bonne compréhension de l’intrigue, étaient définitivement trop longues. Je sais pas ce qu’elle a Jenkins avec toutes ses longueurs dans ses films, mais alors qu’est-ce qu’il y a comme longueurs alors, c’est pas croyable ! Après, c’est une coïncidence, mais quand on a l’habitude de regarder des films d’action, on sait d’instinct que quand on assiste à une scène d’action très dynamique dès le début d’un film d’environ 1H30, on va se faire chier comme un rat mort pendant une bonne demi-heure…
Heureusement, la fin spectaculaire imposée par la production (qui a commencé à paniquer en voyant les résultats des projections tests) devrait plaire aux plus geeks d’entre vous, mais pas trop aux férus d’histoire qui noterons immédiatement les quelques raccourcis qu’ont pris les scénaristes. Si on avait respecté à la lettre tous les écrits connus sur la reine d’Egypte, le film aurait certainement été beaucoup plus juste et proche de la réalité de l’époque, bien que beaucoup plus chiant.
Devant la note globalement très moyenne du film, Patty Jenkins a annoncé un Jenkins’s Cut de 6 heures, disponible prochainement sur HBO Max, qui lui permettra de vous livrer sa vraie version de Cléopâtre, et non pas celle des studios qui lui ont imposé les 50 minutes d’action non-stop de la fin.
Dès la sortie du film, la polémique a fait rage sur les réseaux sociaux, à propos de l’interprète de Cléopatre, Gal Gadot, qu’on accuse de… heu… je sais pas trop… C’est quoi le mot pour cette situation ? C’est pas vraiment du white washing. Du jew washing, alors ? Allez, du jew washing. Elle me plait cette expression. On comprend tout de suite de quoi on parle, ça fait pas faux-cul, ça sent bon le nazisme, l’antisémitisme et l’intégrisme, avec un subtil parfum de poutinisme qu’on risquerait presque de rater si on ne fait pas attention. Super expression (bon ça tue un peu le jeu de mots anglais, mais on fait ce qu’on peut). Mais bizarrement, je crois qu’on ne va pas l’utiliser, et la remplacer par plein d’opinions constructives et pseudo-intellectuelles négatives sur le film (qui, soit dit en passant, aurait pu être mieux).
Et c’est vrai qu’on aurait quand même pu choisir une actrice principale d’origine, heu… je sais pas, moi… irakienne, saoudienne ou iranienne par exemple. Au lieu d’une star bankable dont la présence a eu pour effet d’attirer les acteurs connus, les riches investisseurs, et de globalement apporter au projet une crédibilité qui a multiplié son budget par 10.
Après il aurait fallu trouver une actrice d’origine arabe qui aurait eu envie d’incarner une reine qui ne respectait pas trop la charia, vu qu’à l’époque de Cléopâtre, on savait même pas ce que c’était. Ça résume d’ailleurs le problème du cinéma des pays arabes en général. Difficile d’aller trop loin pour ne pas contrarier les mauvaises personnes… Parce que les mauvaises personnes, quand elles sont contrariées, des fois, elles aussi vont un peu trop loin…
Ceci dit, allez quand même voir le film si vous trouvez un cinéma ouvert. Même si le scénario n’est pas terrible, Jenkins est une réalisatrice d’exception, et son dernier film reste un excellent divertissement, irréprochable d’un point de vue technique, même quand tout le monde s’obstine à lui mettre des bâtons dans les roues.
Et puis comme le disait si justement George Orwell dans 1984, Avec quelques bières et du pop corn, ça passe tout seul.