Partage d’images et promotion

À force de réfléchir au phénomène des AI, je me suis souvenu d’une conversation que j’ai eue avec quelques artistes, qui me reprochaient de faire sur mon mur la promotion d’images volées. Ce qu’ils appellent des images volées, ce sont les images piochées sur le net par des AI, en vue d’une utilisation pratiquement invisible pour la composition d’images entièrement inédites. Le terme est un raccourci utilisé aussi dans le cas du piratage, parce qu’il déclenche une réponse émotionnelle immédiate, même s’il n’est pas légalement correct dans les deux cas. L’illégalité de la création par une AI d’une image inédite à partir d’images soumises à droits d’auteur dont les fichiers attendent littéralement d’être prélevés par data-mining au lieu d’être protégés au même titre que des données personnelles, reste d’ailleurs à prouver à l’aide de nouvelles lois ou d’une jurisprudence, mais ça, j’en parlerai plus en détails dans un prochain article.

Là, ce qui m’a chiffonné, c’était le terme Promotion. Quand l’utilisateur d’un réseau social partage les images des artistes dont il apprécie le style, dans son esprit, il n’en fait pas la promotion. Il partage juste par plaisir, pour faire connaître aux autres des images qu’il apprécie, ou dans mon cas, pour ne pas disparaître des murs de chacun (si vous ne postez plus, vous disparaissez). La conséquence de ce partage, c’est effectivement de la promotion pour les artistes en question. Même si cette promotion se produit sur des comptes peu suivis, c’est toujours bon à prendre pour l’artiste. Mais l’autre conséquence, c’est que l’utilisateur Facebook va nécessairement un jour où l’autre partager des images qui contrarient ces mêmes artistes, comme une caricature du Prophète ou un dessin de Gotlib, pour ne citer que ces exemples. Comme pour les images de MidJourney, on en a tout à fait le droit, et à l’évidence, Facebook ne l’interdit pas, sinon ces images ne seraient tout simplement pas publiées.

Donc, sur Facebook, je fonctionne sur un mode I like it, I share it, et si des amis ont envie de le prendre de haut, ils ont toujours la possibilité de cliquer sur Ne plus suivre ou se déconnecter de mon compte.

Mais c’est pas grave, parce que s’ils veulent vraiment que je fasse la promotion de leurs œuvres, je peux créer un nouveau compte dans lequel je ne posterai que des œuvres considérées comme légitimes par les artistes, et totalement exempt d’AI. Ça ne me pose aucun problème.

C’est juste que ce sera payant.

Parce que la promotion, c’est pas gratuit, c’est payant. Si un artiste est tellement attaché à cette notion de promotion, je ne vois vraiment aucune raison qu’il bénéficie d’une promotion gratuite.

Ceci dit, même avec tout ce que j’ai partagé en pratiquement 14 ans, je ne vois non plus aucune raison de gémir pour le manque à gagner (que je me mettrai tout à coup à considérer comme du vol) que j’ai subi à cause de tout ce partage. Je ne demande de l’argent à personne, et je trouve ça tout à fait normal.

Alors quand quelqu’un me demande de payer les artistes pour les images MidJourney que je partage (et je vous jure qu’on me l’a réellement demandé) alors que lui-même profite d’une promotion gratuite par de nombreux utilisateurs à cause de sa notoriété, ça me laisse un peu perplexe.

Allez, je vous laisse avec une galerie de bouquins 100% artisanaux, même si on utilise quand même pas mal d’informatique pour les couleurs, le lettrage, les maquettes, et heu… 

Allez, je vous laisse avec une galerie de bouquins artisanaux à 50%.

A propos Eric Peyron

Eric Peyron n'est un Expert en Rien. Après trois années de Fac dont deux redoublements, Peyron a commencé les petits boulots en intérim pour gagner un peu de blé. Heureusement, inconditionnel de comics en version originale (à cause de la censure et des traductions lamentables de la plupart des versions françaises de l'époque), Peyron est rapidement devenu traducteur d'anglais autodidacte pour des magazines informatiques des années 1990-2000, puis pour de nombreuses sociétés de traduction. Suite au refus par ces mêmes sociétés d'accepter une augmentation de ses tarifs en vingt ans, Peyron a fini par revenir à ses premiers boulots au SMIC, qui paradoxalement, vingt ans plus tard, rapportent plus que des traductions techniques… Actuellement, l'Expert en Tout fait donc de la mise en rayon, des inventaires et démonstrations en grande surface, monte et démonte des stands d'animation, donne des flyers aux passants dans la rue, distribue des prospectus dans vos boîtes aux lettres, et remplace des affiches dans les toilettes des bars et restaurants. De jour comme de nuit. Accessoirement, il est aussi auteur de BD en auto-édition, mais ça, vous le savez probablement déjà. Bref, Peyron est un type qui ne comprend absolument rien à rien, comme la plupart des imbéciles qui se baladent régulièrement sur les réseaux sociaux, mais ça va pas l'empêcher de donner son avis !

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